Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

170 DANTON ÉMIGRÉ.

attribuer son auteur. Je demande qu’elle soit ainsi posée : la peine de mort est décrétée contre quiconque proposerait à la République de transiger avec des ennemis qui, pour préliminaire, ne reconnaitraient pas la souveraineté du peuple.

« IL est temps, citoyens, que la Convention nationale fasse connaître à l’Europe que la France sait allier la politique aux vertus républicaines.

« Vous avez rendu, dans un moment d'enthousiasme, un décrel dont le motif était beau sans doute, puisque vous vous obligiez de donner protection aux peuples qui voudraient résister à l'oppression de leurs tyrans (1).

« Ce décret semblerait vous engager à secourir quelques patriotes qui voudraient faire une révolution en Chine (2).

« II faut avant tout songer à la conservation de notre corps politique et fonder la grandeur française.

« Que la République s’affermisse, et la France, par ses lumières et son énergie, fera attraction sur tous les peuples!

« DÉCRÉTONS QUE NOUS NE NOUS MÊLERONS PAS DE CE QUI SE PASSE CHEZ NOS VOISINS, mais décrétons aussi que la République vivra, et condamnons à mort celui qui proposerait une transaction autre que celle qui aurait pour base les principes de notre liberté. »

Aussitôt l’Assemblée demanda la priorité pour la proposition de Danton et adopta la rédaction suivante :

« La Convention nationale déclare, au nom du peuple français, qu'elle ne s'immiscera en aucune manière dans le gouvernement

(1) Décret du 19 novembre 1792. — R.

(2) D'après le Logotachygraphe (no 106, 17 avril 1792, séance de Ja Convention du samedi 13 avril)}-:Danton aurait dit : « …. Nous touchons au moment où il faudra dégager la liberté, — pour mieux la conserver, — de tous ces enthousiasmes. Je m'explique : dans un moment d'énergie, — et certes, ce moment était beau, — nous avons rendu un décret qui porte que nous ne traiterons jamais qu'avec les peuples qui auront un gouvernement de concordance avec nos principes. Si nous tenions à la concordance de ce décret, nous serions obligés d'aller donner des secours à des patriotes qui, à la Chine, voudraient faire une révolution...

«... Eh bien, citoyens, donnons nous-mêmes l’exemple de cette raison: décrétons que nous ne nous immiscerons point dans ce qui se passe chez nos voisins, mais que la nation s’abimera plutôt que de souscrire à toute transaction. Notre souveraineté ! notre République ! »

(Applaudissements réitérés de toute la salle.)