Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. . 414

des autres puissances, mais elle déclare en mème temps qu’elle s’ensevelira plutôt sous ses propres ruines que de souffrir qu'aueune puissance s'immisce dans le régime intérieur de la République ét influence la création de la Constitution qu’elle veut se donner.

« La Convention décrète la peine de mort contre quiconque proposerait de négocier on de traiter avec des puissances ennemies qui n'auraient pas préalablement reconnu, solennellement, l'indépendance de la nation française, sa souveraineté, l'indivisibililé et l'unilé de la République fondée sur la liberté et Pégalité (1), » |

C'est ce décret qui porta le premier coup, mais irrémédiable, au système de la guerre de propagande, au cosmopolitisme militaire, qui cessa, de ce jour, d'être la doctrine de la Convention nationale en matière de politique extérieure (2).

Il resta le programme et le rêve d’un parti, et conserva longtemps encore des soutiens à la Commune de Paris et aux Jacobins (Pache, Hébert, etc.), dans la Convention (Anacharsis Cloots, etc.), au ministère de la guerre surtout (Audouin, Vincent, Ronsin, Bouchotte, etc.), dans le journalisme (le C'osmopolite, le Batave, le Père Duchène).

Mais cette coalition, très ardente et très bruyante, ne put jamais regagner la prépondérance à sa politique, et Robespierre lui-même n'y réussit pas davantage lorsqu'il voulut insérer dans la déclaration des droits de l'Homme

(1) Monilewr, n° 106.

(2) Nous devons rappeler aussi que le comité Diplomatique, présidé par Anacharsis, et qui avait été l'âme de l’échauffourée parlementaire du 19 novembre, fut supprimé en janvier suivant, et que Cloots ne fut point nommé membre du comité de Défense générale, comité des Vingl-cing, substitué au premier, tandis que Danton s'y trouvait porté. IL y à là un indice certain d'un changement de politique.

Enfin, il ne faut pas oublier que le maitre-æuvre de Cloots, son discours du 26 avril 1193 sur les bases constilutionnelles de la République du genre humain, ne reçut pas la consécration de l’Assemblée, et que le projet de décret en trois articles qui en était le corollaire ne fut, à notre connaissance, ni discuté, ni mis aux voix, ni adopté,