Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 173

présentants du genre humain. Je veux donc que le législateur de la France oublie un instant l'univers, pour ne s'occuper que de son pays; je veux cette espèce d’égoïsme national sans lequel nous trahirons nos devoirs, sans lequel nous stipulerons ici pour ceux qui ne nous ont pas commis, el non en faveur de ceux au profit desquels nous pouvons tout stipuler. J'aime tous les hommes, j'aime particulièrement tous les hommes libres, mais j'aime mieux les hommes libres de la France que tous les autres hommes de l’univers. Je ne chercherai donc pas quelle est la nature de l'homme en général, mais quel est le caractère du peuple français. » — (Séance du vendredi 26 avril.)

A quelque temps de là, le 45 juin 1793, toujours au courant de la discussion du projet de constitution présenté à l’Assemblée, alors par Hérault de Séchelles, Thuriot ayant demandé que toute guerre fut soumise, avant d’être commencée, à l’assentiment de la nation, convoquée en assemblées plébiscitaires, Danton présenta les objections suivantes :

« Le système du comité (de Constitution) remplit parfaitement l’objet de Thuriot lui-même.

« Il n’a pas assez considéré que le peuple français ne peut jahais faire de querre offensive. Mais quand le gouvernement verra que des puissances voisines font des préparatifs sur nos frontières, quand il aura la conviction que ces préparatits sont dirigés contre nous, ne doit-il pas tâcher de les prévenir? En théorie, en raison et en justice, l'agression, là, n'est pas une guerre offensive. Quand je vois un ennemi qui me couche en joue, je üre sur lui le premier si je peux, et je ne fais en cela que me délendre. Voilà done un genre de guerre que les puissances ennemies caractériseront peut-être de guerre offensive, mais qui ne sera que purement défensive, et que le Corps législatif doit pouvoir déclarer.

« Une guerre offensive serait celle où, sans aucune provocation, nous combinerions des attaques inopinées et injustes, dans des vues d'agrandissement de notre territoire. Le Corps législatif ne serait jamais secondé dans une telle entreprise. Sans doute, si des puissances ennemies nous ont suscité une guerre injuste, si elles nous ont entraînés à des dépenses énormes, nous pourrons séquestrer momentanément une portion de leur territoire pour nous indemniser (c'était le cas de la Belgique et de la Savoie), mais c’est encore au Corps législatif à veiller à cet égard aux intérêts

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