Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

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de la nation. Cette espèce de séquestre sera une chose tellement juste et simple, qu'il n'y aura aucune nécessité de convoquer le peuple pour le faire... (1). »

Il était donc fermement arrêté dans l'esprit de ce grand politique, dès le mois d'avril 1793 au plus tard, qu'il n’y avait de légitime et d’assuré, pour la République, que la

uerre défensive; que notre pays pouvait et devait, dans e cas présent, attaquer la coalition formée contre lui et s’efforcer de lui faire mettre bas les armes, mais qu'il ne fallait plus ni conquêtes, nt annexions, ni même d’ingérence d'aucune sorte dans les affaires des autres peuples, pour les contraindre à telle ou telle sorte de gouvernement. Cela est si vrai, que la constitution promulguée le 10 août de cette mémorable année, rédigée par un comité dont Danton faisait partie, et qui avait Hérault de Sèchelles pour rapporteur, contenait, quant aux affaires étrangères, comme conclusion de toute la discussion des articles, en opposition à ceux qu'avait proposés Robespierre, les deux paragraphes que voici :

« CXVIIT. — Le peuple français est l’ami et l’allié naturel des peuples libres.

« CXIX. — Z{ ne s'immisce point dans le gouvernement des autres nations, il ne souffre pas que-les autres nations s'immiscent dans le sien. »

(4) Pour donner une idée du revirement qui s'était opéré dans les esprits, depuis la journée du 19 novembre 1792, nous citerons l'incident Gareau :

Philippeau ayant coneln à ce que la déclaration de toute guerre fût faite par le Corps législatif et stipulée par une loi, son collègue s’écria : «Je demande que l’opinant soit rappelé à l'ordre. Sa conclusion ne lLend à rien moins qu'à faire croire qu'une guerre offensive est légitime et qu’elle est possible chez un peuple ! »

De son côté, Roger-Ducos avait combattu la mème proposition, ou à peu près, en s'appuyant sur la déclaration faite par Danton à la Convention nationale le 43 avril précédent : « Le peuple françcais ne veut plus s'immiscer dans le gouvernement d'aucun pays ; il a solennellement renoncé à entreprendre aucune querre dans le seul désir des conquêtes ».

On avait fait du chemin en si peu de temps.