Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 4175

En parlant de la retraite de Danton à Arcis-sur-Aube, au mois de septembre 1793, après sa sortie volontaire du comité de Salut public et son refus obstiné d'y rentrer, après l’immense effort qu'il venait de soutenir en août pour faire accepter par la Convention l’établissement du gouvernement révolutionnaire, la dictature du comité de Salut publie, et au moment du sacrifice magnanime qu'il avait assurément cru devoir faire de sa personne au bien public, M. Avenel, empruntant les gouailleries de l’orateur du genre humain, s’écrie : Notre pacificateur-plàtrier fit le plongeon! et aussitôt, par une inconséqueuce d'esprit assez criante, mais qui lui est familière, sans s'apercevoir aucunement qu'il se condamne lui-même et qu'il relève d'autant celui qu'il voulait abaisser, il dit, à propos de la ligne de conduite alors suivie par le nouveau gouvernement : C'était là de la politique dantoniste, mais les meneurs du Comité la confisquèrent toute à leur profit (1).

L’aveu est naïf! et d'autant précieux. Nous ne voyons rien à y ajouter.

Une seule considération, cependant : c’est que la politique extérieure du grand comité, surtout en l'an II, retrograda plutôt vers la ligne de conduite toute monarchique et d'intérêt exclusif de Eouis XIV, que vers la doctrine de la Constituante et de la Convention, et vers la politique d'Henri IV et de Danton, qui se serait mal accomodée, pensons-nous, de l’enlèvement des chefs-d'œuvre d’art des nations vaincues ou de la conquête pure et simple de la Belgique et de la Savoie; à Bâle, nous le tenons pour certain, le conventionnel aurait seulement stipulé l'occupation provrsoire des deux pays comme garantie militaire et gage d’indemnilé, mais sans aucune idée d’appropriation définitive.

En 1794-95 l'influence du grand homme d'Etat se reconnaissait encore dans les discussions de l’Assemblée,

(1) Lundis révolutionnaires, p. 21-22. — Anacharsis Cloots, l'orateur du genre kumain, T. Il.