Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

176 DANTON ÉMIGRÉ,

non seulement pour le fond de la politique, mais même quant à la forme de son exposition.

Dans les débats qui eurent lieu au courant de ventôse sur les attributions du comité de Salut public, PierreJean Audouin, député de Seine-et-Oise, directeur du Journal universel, voulant conserver au gouvernement (au comité de Salut) la direction des affaires diplomatiques, disait :

« De quoi s'agit-il aujourd'hui ? de ne point nous laisser éblouir par les succès brillants que nous avons obtenus ; de ne point saper les fondements de notre liberté et de notre bonheur par le tumulte de nos irrésolutions et la fougue de nos emportements ; de réprimer, par la conscience de nos intérêts, les saillies de nos passions et de donner un démenti solennel aux adversaires de la démocratie, en leur prouvant que chez le peuple français la raison est compagne de la liberté, et que la saine philosophie est aussi la saine politique... »

« Qu'ils (nos ennemis) n'ignorent pas que notre ambition n’est point cette ambition vorace des Romains dans leur décadence ; que la haine brutalement ruineuse et l’orgueil insensé des conquérants dévastateurs ne sont point l'âme de notre politique; que notre philosophie se révolte à la vue des fleuves de sang que la guerre fait couler; que nous ne sommes point éblouis par cette fausse gloire qui n'égare les esprits que pendant le sommeil de la raison, ef que nous n'avons pris les armes que pour obtenir des lois impartiales, des magistrats esclaves des lois consenties par le peuple, une liberté appuyée sur les vertus civiles, les vertus militaires, les vertus politiques, sur le respect des lois sagement rédigées, en un mot, sur un gouvernement démocratique tellement organisé qu'il n’y ait ni opprimés ni oppresseurs, et qui prévienne les maux qui pourraient naître, et de l’ambition ou de l'inconstance, ou d’un fol orgueil, ou des factions, enfin, des passions diverses qui, pendant tant de siècles, ont tyrannisé le genre humain, »

C’est cette politique qui amena la France à conclure la paix avec la Toscane, la Prusse, la Hollande, l'Espagne, la Bavière, le Wurtemberg, Hesse-Cassel, la Diète germanique, le Portugal, Naples, la Sardaigne, et, bientôt après, la Suède. Qui donc oserait aflirmer que le pacificateur-plâtrier de Cloots et. de M. Avenel, que