Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

DANTON EN ANGLETERRE. 11

craint que ces préférences trop marquées n’indiquent les véritables dispositions de voire cœur.

« Sire, les circonstances sont fortes. Une fausse politique doit répugner à votre caractère el ne serait bonne à rien.

« Sire, par une démarche franche, éloignez de vous les ennemis de la Constitution ; annoncez aux nations étrangères qu'il s’est fait une glorieuse révolution en France; que vous l'avez adoptée; que vous êtes maintenant le roi d'un peuple libre; et chargez de cette instruction d’un nouveau genre des ministres qui ne soient pas indignes d’une si auguste fonction. Que la nation apprenne que son roi s’est choisi, pour environner sa personne, les plus fermes appuis de la liberté; car aujourd’hui il n’est pas d'autres véritables amis du roi.

« Sire, ne repoussez pas la démarche qu'a faite auprès de vous le département de Paris; le conseil qu'il vous offre vous serait donné par les quatre-vingt-trois départements du royaume, si tous étaient à portée de se faire entendre aussi promptement que nous (1). »

Voilà comment Danton et l’évêque d’Autun étaient arrivés à se connaître.

Or, après la session de l’Assemblée constituante, le dernier fut envoyé à Londres, en mission diplomatique, par le ministre de Lessart.

11 devait proposer à l'Angleterre les îles de France, de Bourbon et de Tabago, ainsi que la démolition des fortifications de Cherbourg, en retour d’une alliance contre l'Autriche. Le parti qui dominait alors à la Constituante (Barnave-Lameth), recherchait également l'alliance de la Prusse contre l'Empereur (Mémoires de Governor Morris).

Voici comment M. Mignet, le principal historien de notre Révolution, qui sait tant et si bien, qui juge si sainement et de si haut, parle de cette intervention de l’ancien constituant :

« M. de Talleyrand eut bientôt l'occasion d'entrer dans la carrière où il devait acquérir sa principale renommée et se placer au rang des plus grands négociateurs.

F (1) Rédigée le 19, cette adresse fut portée au roi le lendemain 20 avril, par Talleyrand lui-même,