Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

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Oui, malgré leurs doctrines économistes et leurs velléités pacifiques, ils comptèrent parmi les promoteurs les plus ardents de la propagande arméel Des témoignages considérables et décisifs l’attestent, entre autres les actes publics, certains écrits et tous les journaux du temps. On peut y retrouver aisément les discussions qu'ils soulevèrent aux Jacobins, et la lutte que Brissot, leur homme d'Etat, y soutint, en particulier, ainsi qu'à l'Assemblée législative et à la Convention nationale, en faveur de la politique de conquête. Dès 1791, il avait proposé de rappeler nos ambassadeurs de Stockholm, de Saint-Pétersbourg, Madrid et Rome; de dénoncer le traité de 1756 et d’exiger satisfaction de la maison d'Autriche. En 1792 il s'était opposé à l’évacuation de l’évèché de Bâle par les troupes françaises, et il avait été, la même année, l’un des parrains de la guerre de propagande, codifiée par lui-même et par son parti dans le décret du 19 novembre. Enfin, en janvier et février 1793, ‘en même temps que Kersaint, son coreligionnaire politique, proposait d'étendre la guerre de propagande à toutes les mers et à toutes les colonies, Brissot fut le promoteur de la déclaration de guerre à l’Angleterre et au stathouder des Provinces-Unies. Ce qui a fait dire à Soulavie : « Les Girondins ont armé l’Europe contre leur patrie; » et à Jomini : « La guerre allumée par les sophismes des Girondins venait à peine de commencer et déjà l'Europe était dans une confusion absolue. »

Ilest si vrai que Brissot, et tous les siens, étaient, dès le début de la Révolution, cosmopolites et partisans des idées de Cloots, que Robespierre, dans la discussion sur la guerre (au printemps de 1792), au club des Jacobins, put lui adresser ces justes reproches :

« … Vous vous chargez vous-même de la conquête de l'Allemagne, d’abord; vous promenez notre armée triomphante chez tous les peuples voisins; vous établissez partout des municipalités, des directoires, des assemblées nationales, et vous vous écriez vous-même que cette pensée est sublime !