Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 183

faute: le refus d'entrer au comité de Salut publie devenu gouvernement! Abstention fatale, que le moraliste peut tenir pour magnanime, mais que le politique condamnera toujours, puisqu'elle laissa surgir Robespierre et Bonaparte.

Bien autre fut l'accession des Girondins etde la Plaine, de tous les républicains modérés, et celle des Hébertistes surtout, à la propagande armée.

Les derniers y restèrent attachés quand même, jusqu'à l'échafaud et malgré la lecon des événements; ils en firent une religion, en quelque sorte, et l’un des motifs de leur dernière insurrection.

On peut voir dans le livre de M. Avenel sur Gloots le détail de la lutte à mort qu’ils engagèrent contre Danton pour ce point particulier de son programme politique, aussi bien que quant à la prépondérance que l'homme d'Etat avait obtenue pour le gouvernement [le comité de Salut public), sur les partisans de l'autonomie communale. Aucune haine de parti, même celle des Roland et de Buzot, ne fut comparable à la rage d'Hébert et de sa suite : à preuve, le vertige qui tient encore son panégyriste, cependant si éloigné du combat.

On sait d’ailleurs que c’est dans les péripéties de cette guerre sans merci que le pauvre Cloots reçut la mort et que Robespierre trouva joint pour abattre Danton.

Aucune histoire n’est plus instructive que ce funèbre et sanglant épisode; il faut que l'esprit de parti, dans tous les temps, soit bien aveugle et bien incurable pour n’en avoir pas tiré, de nos jours, plus d'enseignement et de profit.

Quant aux Girondins, qui, il faut le reconnaître, alliaient des tendances philosophiques tout opposées à leurs instincts propagandistes, tendances qu'ils voulurent à plus d’une reprise appliquer à cette si grave question des relations extérieures, ils ne surent ou vou” lurent aucunement résister à l'entraînement de 1792, et furent, au contraire, les auteurs bien réellement responsables du décret du 19 novembre.