Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

204 DANTON ÉMIGRÉ.

avez invité à se séparer de son tyran; qui a le droit de se soustraire à son tyran; qui a été abandonné, trahi, sacrifié par son tyran.

Si la justice de sa cause, si la dignité du peuple français, si son intérêt même n’ont pas assez de force pour vous décider, laissez-vous au moins toucher du sort qui le menace si vous le repoussez. Voyez ce peuple doux et patient qui vient de goûter un instant la douceur de la liberté, voyez-le, dis-je, luttant sans cesse contre les complots des ennemis de la liberté, exposé tous les jours à perdre la vie pour la défendre et succombant sans doute aux pièges redoublés qu'on ne manquera pas de lui tendre ; voyez-le, enfin, entouré de fers, plongé dans la misère, couvert d'opprobre et le désespoir dans le cœur, trainer dans les angoisses des jours qu'il déteste, regarder la mort comme un bienfait et maudire peut-être le moment où il a vu luire la liberté.

Mais non, loin de nous cette affreuse perspective! Un avenir plus heureux nous attend : notre confiance et votre générosité nous en sont un sûr garant.

Prononcez cette réunion désirée, dites que nous serons portion de cette heureuse contrée que nous adoptons pour nouvelle patrie, et nous bénirons à jamais la générosité du peuple français.

Signé : BLANQUI, député extraordinaire de la ville et comté de Nice; VEILLON, idem.

No 6.

L'Assemblée nationale des Allobroges à la Convention nationale de France.

(Monileur, n°0 328, année 1792.)

« Législateurs,

« Le soleil bienfaisant de la liberté vient enfin, par ses douces influences, de dissiper les nuages épais de la tyrannie et du despotisme qui infestaient notre atmosphère.

« Nos tyrans, aussi lâches qu'ils ont été cruels, n’ont pu soulenir l'aspect redoutable des drapeaux tricolores; iis ont fui, et pour jamais ont délivré de leur odieuse présence une terre trop longtemps abreuvée des maux émanés du sceptre de fer.