Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

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je lui parus étonné de le voir à cette heure-là chez le ministre de la Justice.

« C’est, me dit-il, que je vais partir pour Londres ce matin, avec une mission du Pouvoir exécutif; je viens chercher mes passeports que Danton doit me rapporter du conseil Exécutif, qui tient séance chez le ministre Servan. »

Talleyrand lui-même, dans des Æelaircissements qu'il a publiés en l’an VII, après son retour d'Amérique, a fourni des détails sur ce point :

« Je fus envoyé à Londres pour la deuxième fois le 1 septembre 1792 par le conseil Exécutif provisoire. J’ai en original le passeport qui me fut délivré par le Conseil et qui est signé des six membres, Lebrun, Danton, etc. Il a été mis sous les yeux de la Convention au moment où elle daigna s'occuper de moi (séance du 18 fructidor an III [4 septembre 1795]) et je le montrerai à quiconque désirera le voir. Ce passeport est concu en ces termes:

« Laissez passer Ch. Maurice Talleyrand, allant à « Londres par nos ordres. »

« Ainsi, j'étais sorti de France parce que j'y étais autorisé, que j'avais recu même de la confiance du gouvernement des ordres positifs pour ce départ (1). »

Enfin une note signée D., qui parut au Aoniteur le 15 décembre 1799, dictée sinon écrite par Danton, explique définitivement la confiance que celui-ci eut alors dans l’ancien constituant et l'emploi qu’il en fit à Londres pour le service de la République, jusqu’au jour où il ne fut plus permis de rien attendre de l'Angleterre. Nous la reproduisons i extenso (2) :

« Talleyrand a été décrété d'accusation. Sans doute que nos représentants nous doivent une justice éclatante de tous ceux qui, par des suggestions cupides, ont pu déserter la cause natio-

(1) Talleyrand se défend ici contre l’accusation d'émigration.

Sa brochure, in-8° de 36 pages, est intitulée : Eclaircissements donnés par le baron Talleyrand à ses concitoyens. Paris, an VII, chez Lurau, Palais-Egalité, n° 245.

(2) Si ce n'est point Danton qui rédigea cette note, peut-être est-ce Ducher, employé au département des Affaires étrangères, tenant la plume pour le conventionnel?