Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

DANTON EN ANGLETERRE, 15

pale; mais plus une telle peine est inévitable et terrible, plus on a droit d'espérer qu'on ne croira pas trop aisément à une aussi lâche désertion.

« La Révolution française n'a pas, certes, besoin de Talleyrand, pas plus que de tout autre; mais si Talleyrand n’a pas été le plus insensé comme le plus criminel des hommes, il a dù sentir, lui, le besoin d’appartenir tout entier à une révolution qui Jui à valu à jamais tant de haines implacables qui l'honorent. . .

« A-t-il pu, malgré cela, ainsi que bien d’autres, s'oublier au point de s’immiscer dans d’odieuses manœuvres contre elle, après avoir combattu pour elle avec un grand courage? J'ose croire que non.

« Voici mes raisons :

« Lo Dans tous les papiers impurs trouvés chez le ci-devant roi, je ne vois pas une seule ligne de lui, pas un seul mot écrit par lu, et dès lors je pense, en frémissant, à l'effrayante facilité avec laquelle un fripon habile ou même non habile a pu perdre tous ceux qu'il a voulu perdre.

« 2° Laporte, par sa lettre du 22 avril 1791, adresse à Louis XVI une lettre de Talleyrand; mais cette lettre ne se trouve pas. J'en conclus : ou qu'elle wa pas été écrite, ou plutôt qu'elle était révolutionnairement bonne, car il doit paraitre certain que, puisque Louis à gardé la lettre d'envoi écrite par Laporte, il aurait à bien plus forte raison gardé la lettre de Talleyrand, s’il en avait été content.

« 3o La date de la lettre de Laporte vient à l'appui de cette raison. Elle est du 22 avril 1791, c’est-à-dire de l’époque où Louis voulut partir pour Saint-Cloud. On sait qu'à cette époque le département de Paris lui écrivit une adresse pleine de vigueur et de patriotisme pour l’engager à éloigner de son trône les perfides conseils qui l'assiégeaient. Talleyrand en fut le principal rédacteur : Talleyrand put donc dès lors écrire à Louis XVI qu'il voulait servir ses intérêts, après lui avoir montré si énergiquement, dans cette adresse, que ses intérêts étaient inséparables de ceux de la Révolution. Le roi le regardait comme son ennemi personnel : Talleyrand voulut l’assurer qu'il ne l'était point.

« 4° On a parlé de lettres écrites à Sainte-Foix, trouvées parmi les papiers de ce dernier; les lettres, dit-on, sont au comité de Surveillance. Je conjure qu’on les rende publiques. Elles ont été énoncées à l’Assemblée, mais elles n’ont point été lues; j'en conclus qu'elles ne sont point coupables. Encore une fois, qu'on les rende promptement publiques, et il faudra bien conclure alors que si les lettres à Sainte-Foix sont irréprochables, c'est que le