Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

16 DANTON ÉMIGRÉ.

langage et les opinions de celui qui les à écrites l'étaient avec tout le monde.

« 5o Si Talleyrand avait été complice du château, il est plus que probable qu'on aurait trouvé quelques traces de cette complicité dans sa correspondance d'Angleterre avec Lessart (1). Or, j'interpelle iei la probité du ministre Lebrun, qui en est dépositaire : qu’il déclare, je ne dis pas si elle est répréhensible, ou même suspecte, mais s'il n’est pas vrai que Cest la correspondance la plus franchement, la plus vigoureusement patriotique qui existe dans ses bureaux, sans aucune exception. Une telle correspondance avec Lessart est une chose vraiment remarquable; aussi Lessart ne tarda-t-il pas à s'en plaindre hautement et à se repentir d'avoir envoyé Talleyrand à Londres.

« 6° Il est permis d'ajouter, puisque cela est parfaitement vrai, que le jour même où le décret d'accusation a été rendu contre Talleyrand, le ministre Lebrun et un membre du comité Diplomatique ont dû recevoir de lui un mémoire politique dont toutes les vues appartiennent aux principes les plus purs de la Révolution. Il en résulte qu'il s'est constamment occupé, qu'il s'occupe encore utilement de ce qui peut servir la République (2).

« C'est par ces raisons, c’est aussi par la connaissance que j'ai du caractère de Talleyrand, que je pense qu'il se justifiera. Il doit le vouloir fortement : il serait bien à plaindre s’il ne le pouvait pas, et s’il était réduit à laisser l'aristocratie jouir insolemment du triomphe qu'elle voudrait recueillir de son accusation. Ce que je viens de dire servira du moins, j'espère, à suspendre l'opinion; mais c’est à lui à l'éclairer; c'est à lui à la ramener; je l'exhorte à le faire promptement, et dans cette supposition, que je n’abandonnerais qu'avec le plus vif regret, je suis certain que la Convention nationale apprendra avec joie qu’elle à été trompée et qu'elle peut compter toujours sur celui qu'elle à cru un instant avoir perdu.

« D... »

(1) Alors ministre des Affaires étrangères. — C'est lui qui avait envoyé Talleyrand en mission à Londres. — R.

(2) Ceci est essentiel pour établir que Danton est l’auteur de la note signée D. En effet, nous lisons dans le discours que M.-J. Chénier prononça à la Convention le 18 fructidor an III, ces mots décisifs : « J'ai entre les mains un mémoire dont on a pu trouver un double dans les papiers de Danton. Ce mémoire, daté du 25 novembre 1192, prouve qu'il (Talleyrand) s’occupait à consolider la République, lorsque, sans rapport préalable, on l’a décrété d'accusation. » — (Moniteur.) — R.

V. la pièce justificative no 20, — R.