Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

212 DANTON ÉMIGRÉ.

députe auprès de vous trois de ses représentants ; cette cité, fière de sa liberté, que lui ont conquise les armées victorieuses de la République française, a nommé, pour vous porter ses vœux, les mêmes citoyens qui, au mois de juillet dernier, vinrent au nom des patriotes belges et liégeois unis, vous demander du fer et du pain en faveur de leurs frères qui avaient quitté leur patrie asservie pour venir combattre avec les Français et répandre leur sang pour la même cause, celle dela Liberté et de l'Egalité.

Les députés de la ville de Mons et de toutes les villes et communes qui composent la province du Hainaut, la ville de Tournay et du Tournaisis se joignent à nous, et bientôt vous auriez ceux de toutes les villes de la Belgique, si les circonstances impérieuses du moment nous permettaient de différer davantage l'exécution de notre mission près de vous.

Les tyrans de Berlin et de Vienne ont disparu devant les soldats de la Liberté.

Ils ont appris, dans le désordre tumultueux de leur défaite, qu'il est insensé d’opposer des armées d'esclaves au courage stoïque des nations indépendantes ; et ces braves soldats, devenus nos frères, serrés dans nos bras, arrosés de nos larmes, jouissent à nos yeux d’un triomphe d'autant plus cher, que la loyauté française n’a d’autre objet que de briser nos chaînes et de nous rendre indépendants.

Non, Législateurs ! non, peuple français! les Belges ne seront point ingrats, et leur reconnaissance vous offre en tribut tout leur sang, toutes leurs fortunes ; cette reconnaissance mème, chaque jour plus active par les effets de notre enthousiasme, vous atteste que les Belges sont mürs pour la liberté.

Des calomniateurs, qui se targuent du beau nom de démocrates, chercheraient en vain à peindre sous des rapports infidèles notre esprit, nos mœurs, nos manières. Nous avons connu, exercé les droits de la liberté pendant quatorze siècles ; et si les tyrans en ont paralysé les effets depuis le duc d’Albe jusqu'à l'époque présente, nous n'avons jamais cessé de combattre par l'insurrection les injustices et l'oppression des successeurs de Phillipe II.

La maison d'Autriche, durant 200 années que son despotisme a gouverné, n’a pas cessé de nous voir indépendants par principes, et prêts à lui opposer la résistance de la force, et nous pouvons dire qu'avant la fin du xvre siècle, il n’y avait que les Belges et les Suisses qui connussent la liberté en Europe.

C’est donc avec l'expérience que nous ont transmise nos ancètres, c’est avec l'amour de l'indépendance qu'ils nous ont légué avec la vie, que nous venons assurer, de la part du peuple