Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

218 DANTON ÉMIGRÉ.

ment; repoussés depuis si longtemps par tous les genres d’aristocratie, l'heure est enfin arrivée où nous pouvons nous monirer dignes de suivre vos traces, où nous pouvons espérer qu'aucune intrigue de nos ennemis ne pourra prévaloir contre la volonté nationale. Encore quelques jours, et le soleil luira sur un peuple libre de plus! Encore quelques semaines, et les houches du Rhin seront libres comme celles du Rhône!

« Citoyens Représentants,

« Le despotisme est abattu en France; dans les autres contrées, sa chute se prépare : les peuples indignés s'élèvent de toutes parts contre ces dominateurs insolents qui avaient su se parlager la terre. Cest à vous, c'est aux Français qu'est dû le grand exemple qui affranchit les hommes.

« Parlerions-nous, Législateurs, des avantages que la délivrance de notre patrie, rendue à son indépendance nationale, va proeurer à votre cause, je me trompe, à la cause générale des peuples? Nos flottes, notre numéraire, nos magasins, nos soldats, nos matelots, voilà de quoi assurer, par la suite, vos succès; voilà de quoi porter le désespoir au sein de ce ministère britannique, odieux, insultant, qui vous joue et qui nous asservit depuis tant d'années, mais qui doit frémir, aujourd'hui, aux approches de sa chute inévitable.

« Parlerions-nous de nos principes ?

« Citoyens Législateurs,

« Il ne peut plus exister de division, de séparation à cet égard. La Liberté, l'Égalité, voilà les divinités que la raison offre aux humains; ce sont les vôtres, ce sont les nôtres, ce seront bientôt celles du monde entier.

« Législateurs,

« Si quelques nuances ont paru diviser les patriotes de notre pays, si quelque diversité de sentiments a pu être aperçue parmi eux, tout est évanoui, tous ces nuages sont dissipés.

« La grande mesure que vous avez décrétée (la déclaration de guerre à l'Angleterre et au stathouder de Hollande), l'intérèt commun et sacré de la patrie, les vastes lumières qui, depuis le glorieux événement du 10 août, éclairent la face de l’Europe, ont réuni parmi nous tous les esprits. 11 n’est plus qu'un seul objet, qu'un seul sentiment, qu'un seul cri: c’est la chute du despotisme, c’est le triomphe de la sainte Égalité. Nous protestons ici avec vous que le bonheur des hommes tient à ces principes irréfragables, que tout doit disparaître devant cette éternelle vérité. Nous rejetons de notre sein, nous prononçons anathème contre tout ce qui pourrait désormais s'en écarter; et les Bataves régénérés, se glorifiant de descendre des Gueux du xvr siècle, se