Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

PIÈCES JUSTIFICATIVES. 295

fense. L'armée navale qui pénétrera dans le Tage, après avoir épuisé ce pays par des contributions, après avoir détruit les arsenaux, doit terminer ses succès par la prise et l'affranchissement du Brésil. L'expédition dirigée contre les Indes anglaises menacera également les établissements hollandais, la colonie importante du cap de Bonne-Espérance, Batavia et l'ile de Ceylan, etc. Vous n'y trouverez que des hommes amollis par le luxe, et qui trembleront devant les soldats de la Liberté. L'Espagnol porte au fond de l'âme un caractère de fierté qui le rend digne d’être libre. En Europe, il se défendra faiblement pour la cause des Bourbons; en Amérique, il vous appelle, et vous devez marcher au Mexique, en menaçant les Anglais; car cette masse d'ennemis vous présentera ce précieux avantage que chacun d'eux sera forcé de se mettre sur ses gardes, et que nulle part vous n’en trouverez qu'un à la fois à combattre. Les républiques d'Italie vous offrent des prises maritimes dont la perte retombe sur le commerce anglais, par l'intérêt majeur des négociants de Londres dans leurs cargaisons. Les forces de ces pelits Etats, celles même du Portugal sont nulles et pourront, en tombant entre vos mains, servir à alimenter les vôtres. — L'Angleterre, l'Espagne, la Hollande et la Russie présentent une force numérique en vaisseaux considérable; mais je ne vois que les Anglais et les Russes qui puissent marcher ensemble. L'Espagne s'occupera de la défense de ses nombreuses possessions. Si vous poussez la guerre en Zélande avec vigueur, vous y arrèterez d'abord l'essor des forces navales du stathouder; et le parti patriote qui vous appelle depuis longtemps à son Secours, soutenu par vous, saura bien en empêcher le développement.

« Si vous savez diriger la guerre maritime, elle vous indemnisera des dépenses de la guerre de terre; et peut-être, qu'à l'exemple des Athéniens et des Hollandais, la France, toute puissante qu'elle est par ses armées, devra l'affermissement de sa liberté aux victoires de ses armées navales.

« Toutes vos possessions d'outre-mer ne sont pour vous en ce moment qu'une surcharge qui vous coûte des trésors et ne vous rend rien. Si les Anglais s’en emparent, vos captures seront autrement lucratives, et l’affranchissement du Mexique vaudra bien les pertes de quelques petites îles. Mais vos colonies se délendront vaillamment, et il est possible que vos ennemis échouent dans leurs entreprises; car l'esprit belliqueux, s’y est développé par la guerre civile, et les forces que les circonstances vous ont forcé d'y entretenir et d’y envoyer tout récemment les mettront sur un pied de défense respectable. J'ai celte opinion que les partis s'y réuniront pour demeurer Français, et qu'ils saisiront

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