Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

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cette occasion de prouver leur attachement à la mère patrie. S'ils sont des enfants ingrats, ils ne méritent ni vos efforts pour les conserver, ni vos regrets. Enfin, si l'Angleterre se rend maitresse de vos colonies, elle sera forcée de les garder, et cette surcharge l'affaiblira, tandis que vos forces disponibles vous assureront ailleurs d'amples compensations.

« Je suppose que vos ennemis tentent des débarquements sur vos côtes, doutez-Vous que nos braves gardes-côtes nationales ne les repoussent. L’Angleterre menacée d’une invasion, et n'ayant pour s’en défendre que ses vaisseaux, sera contrainte de conserver une grande partie de sa flotte et de son armée pour sa sûreté.

« George y craindra toujours la visite des amis des droits de l'Homme et l'alliance du faubourg Saint-Antoine et de Blackfriards. Mais les Russes! Eh bien, les Tures ne donneront-ils aucune inquiétude aux Russes; et la Suède, le seul peuple qui semble nous tendre la main, ne fera-t-elle aucun effort pour arrêter les barbares qui menacent sa liberté? Quoi qu'il en soit, les Russes et les Hollandais confédérés seront arrêtés et mis en échec dans les ports d'Angleterre par les barques de nos pêcheurs, toujours prèles à y transporter cent mille Français; car c'est par cette expédition que nous devons terminer cette querelle, et c’est sur les ruines de la tour de Londres que vous devez signer avec le peuple anglais détrompé, le traité qui réglera les destins des nations et fondera la liberté du monde.

«Il résulte des considérations particulières et générales sur lesquelles nous venons d'arrêter votre attention, que toujours fermes dans vos principes, vous devez éviter de provoquer la guerre; mais qu'également éloignés de toutes craintes, vous devez vous tenir prêts à repousser une injuste agression. Que la guerre dont on vous menace doit être falale à ceux qui la provoqueront, et que vous saurez vous préparer à la soutenir avec vigueur contre l'Angleterre et ses alliés.

« Voici le décret que je vous propose de rendre :

« 1° Le Ministre de la marine donnera, incontinent, des ordres dans tous les ports, pour armer 30 vaisseaux de guerre et 20 frégates, et pour qu'ils soient pourvus de six mois de vivres et de quatre mois d’eau. — 2% La construction de 23 vaisseaux de ligne, 5 de 100 canons, 6 de 80, 14 de 74, sera ordonnée, soit dans les ports de guerre, soit dans ceux de commerce. — 3° Le conseil Exécutif prendra les mesures les plus prom ptes pour assurer l'armement des côtes, et mettra en état d'être employés, au printemps prochain, 100 bataillons dans les départements maritimes où ceux qui avoisinent la mer. — 4° Le comité de la Guerre présentera incessamment ses vues sur les moyens les