Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

PIÈCES JUSTIFICATIVES. 247

peut leur offrir. Des alliances de cette nalure ne ressemblent guère à celles qui ont existé jusqu'à présent entre les grandes puissances et les petits États. Nous avons vu constamment le fort vendre sa protection au faible, et celui-ci s’épuiser en détail et périr lentement de ses sacrifices pour obtenir la faveur de n'être pas écrasé d’un seul coup; ici le fort donnera librement et avec générosité son appui au faible, sans autre retour que d’avoir près de lui des amis et des hommes libres. Comme l'objet n’est plus le même, il est naturel que les moyens soient différents. Ainsi, après avoir rendu la liberté aux Savoisiens, aux Belges, aux Liégeois, elc.; après avoir élevé les signes de la liberté sur les bords de l'Océan et sur ceux de la Méditerranée, la France formera, entre elle et tous ces peuples, des traités solennels de fraternité où les intérêts de la défense commune soient établis et délerminés d’une manière immuable et où de nouvelles sources de commerce et d'industrie soient ouvertes avec libéralité aux besoins et à l’activité de l'espèce humaine.

« Tel est le seul plan de conduite que la France puisse adopter parce qu'il est le seul conforme à ses vrais intérêts, aux principes qu'elle a proclamés et à ceux qu'elle à pris, et que l'usage a déjà reconnus pour base de sa nouvelle existence politique.

« Quant aux autres Etats qui, soit par leur situation géographique, soit par l'opposition de leurs principes de gouvernement, ne peuvent offrir à la France ni le même intérêt, ni les mêmes moyens d'une défense commune, il est évident que ses rapports avec eux ne doivent pas être de la même nature. Elle doit se lier à eux non par des traités permanents d'alliance et de fraternité, mais par des conventions passagères sur les intérêls politiques el commerciaux qui naîtront des circonstances.

« Ainsi, par exemple, une négociation particulière va sans doute s'ouvrir avec la Prusse et elle aura très vraisemblablement pour résultat non ce traité d'alliance dont on avait conçu le plan et pressé l'exécution dans d’autres conjonctures, mais un traité particulier où seront fixés d’abord les termes de la pacification, et où l'on déterminera ensuite les rapports particuliers qui doivent exister entre les deux Etats, rapports dont l'examen est sans doute depuis quelque temps l’objet de l'attention du Gonseil exécutif.

« Une autre convention doit ètre aussi incessamment formée entre la France et la Porte ottomane pour oblenir de celle-ci la libre navigation de la mer Noire, objel sollicité depuis si longtemps avec tant d’ardeur par tous les hommes instruits des vrais intérôts commerciaux de la France et rejeté avec tant de dédain par tous les ministres de l’ancien régime. Cette navigatiou ou-