Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

PIÈCES JUSTIFICATIVES. 261

Celui-ci les fit connaître au comité de Salut publie, qui en délibéra. 11 hésita à accorder sa confiance à Matthews, ne voulut pas se prononcer sur des propositions qui lui répugnaient et refusa même de reconnaître les sommes (11,000 livres sterling) que réclamait l'intermédiaire bénévole pour ses débours.

Matthews ne se rebuta pas; il repartit pour l'Angleterre et obtint de Pitt des propositions un peu plus sortables (il résulterait de son dire que le cabinet anglais était alors partagé en deux partis, dont l’un, avec le roi, ne voulait entendre à aucun arrangement, et dont l'autre, avec Pitt, quoique également ennemi de la France et de la Révolution, ne désirait pas une guerre à outrance, de peur qu'elle nuisit à la popularilé du ministre et à la prospérité du pays).

L'agent s'était, en outre, procuré d’autres renseignements sur la campagne de l’armée anglaise dans le nord de la France, et avait averti Lebrun et Danton (ce qui nous fut très utile) du prochain investissement de Dunkerque et de l'emploi des batteries flottantes.

Il revint à Paris le 27 août 1793, juste au temps où les Hébertistes commençaient à accuser le conventionnel d'avoir reçu, à Arcis-sur-Aube, les propositions du duc d'York, et fut autorisé par le gouvernement à avoir trois conférences avec le chef de a première division, Otto, au ministère des Affaires étrangères. 11 subit ensuite deux interrogatoires dans le cabinet du ministre luimême, où il maintint tous ses dires antérieurs, donna de nouveaux détails, proposa de nouvelles conditions de paix et demanda les pleins pouvoirs du comité de Salut publie, afin de porter ces articles au cabinet de Saint-James. Il plaidait l'urgence, en vue d'arriver à temps pour empêcher la triple alliance de se constituer définitivement.

Après tous ces pourparlers, après des pas et des démarches sans fin et sans succès pour entamer des négociations personnelles avec Lebrun, Danton, Hérault de Séchelles, James Matthews, par arrêté du comité de Salut public du 6 septembre 1793, fut décrété de prise de corps et gardé à vue dans son domicile, à l'hôtel Grange-Batelière.

Voici cet ordre :

« Le comité de Salut publie arrête que Matthœus (sic), anglais, sera mis en état d’arrestation et que le scellé sera mis sur ses papiers.

« Le ministre des Affaires étrangères est chargé de faire connaître la demeure de Matthœus.

« Et ont signé au registre : Hérault, Thuriot, Prieur de la Marne, Barère, C. A. Prieur, Carnot. »

15.