Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LES JACOBINS ANGLAIS. 69

uniformément employé cet espace de temps qu'aux études tranquilles de ma profession et à celles de la philosophie, j'étais bien éloigné de m'attendre au tort que mes amis et moi venons de recevoir de votre part. Mais vous avez élé égarés en entendant continuellement dire que les non-conformistes et surtout les nonconformisles unitaires, étaient les ennemis du gouvernement actuel, soit civil, soit religieux. On vous à amenés à regarder toute injure qui nous serait faite comme une chose méritoire:; et comme vous n'avez pas été mieux insiruits, vous n’avez point fait attention aux moyens que vous avez employés. Lorsqu'une fois vous avez cru que l’objet de votre animosité était juste, vous vous êtes imaginé que les moyens que vous prendriez pour la satisfaire ne pouvaient pas être illicites. Les discours de vos prédicateurs, et les exclamations de vos supérieurs en général, qui nous maudissaient sans cesse, ont allumé votre fanatisme; et comme au lieu de modérer l’effervescence de vos passions, on n'a fait que les enflammer davantage, vous avez été disposés à commettre toutes sortes d'outrages, croyant que tout ce que vous feriez pour nous nuire ne serait que pour soutenir le gouvernement et surtout l'église. On vous a fait croire qu'en nous détruisant vous rendriez le plus grand service à Dieu et à votre pays.

« Heureusement, le cœur anglais a horreur du meurtre; c’est pour cela que vous n'avez pas pensé à vous souiller de ce crime. J'aime du moins à le croire, quoiqu'il soit probable, à en juger par les cris violents de ceux qui me demandaient à l'hôtel, que dans ce moment-là quelques-uns d’entre vous eussent l'intention de m'insulter personnellement. Au reste, à quoi sert la ‘vie, quand on fait tout pour la rendre misérable? Dans plusieurs cas il y aurait plus de miséricorde à tuer les habitants qu'à brûler leurs maisons. Cependant, je préfère infiniment les sensations que me fait éprouver la perte de mes propriétés, aux sentiments de ceux qui vous ont égarés.

« Vous avez détruit la collection la plus précieuse et la plus utile d'instruments de physique qu'aucun individu ait peut-être jamais possédée dans ce pays ou dans tout autre : collection qui n’était que pour mon usage, pour laquelle je dépensais tous les ans de très grosses sommes, sans aucune vue pécuniaire et seulement pour les progrès des sciences, et pour l'avantage de ma patrie et du genre humain. Vous avez détruit une bibliothèque qui correspondait à cette collection, qu'aucune somme ne peut remplacer que dans un long espace de temps ; mais ce que je regrette le plus, ce sont les manuscrits que vous avez détruits, qui étaient le fruit d’une étude pénible de plusieurs années, et que je ne serai jamais en élat de composer de nouveau. Voilà le tort