Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LES JACOBINS ANGLAIS. 73

Cardonne, en appréciant les affaires de France à la date du mois de décembre 1799, dit encore : « En Angleterre, la majorité du peuple, comprenant presque tous ceux qui appartenaient au gouvernement et les propriétaires nobles et riches, avait conçu une telle horreur pour les principes et les actes des révolutionnaires francais, et une telle crainte de les voir adopter dansle pays, qu’ils étaient impatients de rompre tout commerce entre les deux nations {1). » |

Mais la minorité du pays ayant pris énergiquement parti pour notre Révolution et poursuivant, dans tout le Royaume-Uni, une transformation équivalente, n’en continua pas moins ses efforts, parallèlement à ceux qui étaient soutenus dans les deux Chambres du Parlement. Les choses allèrent au point que, même au commencement de 1794, les progrès que faisaient les principes français en Angleterre jetèrent l’alarme dans les sphères élevées de l'Etat et chez tous les partisans de la royauté; le gouvernement résolut de supprimer le mal.

Ce qui inquiétait le plus, c'était précisément les Sociétés fondées en vue d'obtenir la réforme parlementaire.

En effet, sous cette rubrique, le parti avancé avait projeté, en Ecosse, de constituer une convention nationale, prenant ainsi le langage et les procédés des républicains de France.

Une grande fermentation régnait dans ce pays, où, dans deux émeutes locales, on avait été jusqu'à détruire quelques châteaux (janvier et février 1794).

Des poursuites furent aussitôt dirigées par le ministère contre un pareil mouvement.

Le 16 mai, Pitt vint en grand apparat lire à la Chambre des communes le rapport du comité secret sur les troubles suscités dans le royaume depuis le commencement de la Révolution francaise. Ce morceau, d’une grande étendue, contenait la substance de tous les

(1) Hisloire d'Anglelerre, T. XXXVI, p. 137.