Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LES JACOBINS ANGLAIS. 71

Tous ces procès, qui avaient profondément ému le royaume, s'étant terminés par acquiltement de la part du jury, la couronne abandonna les autres accusations, jugeant qu'il était grand temps pour elle de renoncer à des poursuites qui éclairaient le pays et ne le disposaient guère en sa faveur.

Les douze autres prévenus furent mis en liberté.

Il existait donc bien réellement, en fin de compte, en Angleterre, ‘en Ecosse et en Irlande, pendant que nous faisions notre Révolution, un parti libéral, progressiste, réformateur, républicain (N. la pièce no 93), une élite représentée par des hommes considérables dans la Chambre des lords, à la Chambre des communes, dans la presse, dans les clubs, dans les réunions populaires, dans la nation, qui permettait aux hommes d'Etat français de rechercher légitimement, sans utopie, le rapprochement et le concours des deux peuples, et de poursuivre encore de tous leurs efforts l'alliance anglaise, alors que le gouvernement britannique s'était déclaré ouvertement l'ennemi de la France.

C’est tout ce que nous avions voulu établir dans cette section, et nous pensons y être parvenu.

Sur ce point, nous différons absolument avec M. Albert Sorel, que des préjugés insurmontables, paraît-il, ont ici détourné du vrai et empêché de reconnaitre les faits les mieux établis. Car il accepte, sans s'inquiéter de preuves, le jugement de Macaulay, qu'il appuie de son approbation : « On avait vu, dans les derniers temps, dit M. Sorel, paraître en Angleterre et même y faire grand état de principes, grand tapage de discours et de meetings, un parti très remuant de démocrates. Au fond, c'était, aux yeux des Anglais, «une faction méprisable, sans armes, sans argent, sans organisation, sans chefs (4). »

(1) Burke lui-même, dans ses Lettres sur les négociations de paix, porte à QUATRE-VINGT MILLE le nombre des purs et francs Jacobins existant alors en Angleterre. « Incapables d'amendement, dit-il, ils doivent être l’objet d’une vigilance infatigable et de la sévérité des lois quand ils osent se montrer, »