Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

Hi puisque cette enceinte ne peut être battue en brèche avec de l'artillerie de campagne. Mais est-il vrai que le cheminement sera plus prompt, la défense moins longue? Estil vrai que l'ennemi sera arrêté moius longtemps, faute d'ouvrages extérieurs pour retarder la descente du fossé ? Nous allons prouver que non.

Dans les siéges ordinaires l'attaque d’une place , même de premier ordre, n’embrasse communément que deux ou trois fronts à la fois, la courbure de l’enceinte ne permettant pas aux fronts voisins de soutenir les fronts attaqués , si ce n’est par des feux très-obliques. Voila ce qui permet à l’assiégeant de réunir assez d'artillerie, car il n’a à combattre que celle qui peut trouver place dans l’espace de

deux fronis.

Mais, messieurs, si vous voulez bien jeter les yeux sur la carte qui vous a été distribuée, vous verrez que la courbure du périmètre qu'il s’agit de fortifier et de défendre est presque insensible; que ce périmètre étant presque en ligne droite, l'ennemi ne saurait déployer son attaque que parallèlement à un grand nombre de fronts, ce qui constitue lattaque la plus désavantageuse. Au lieu de pouvoir se borner, comme dans les siéges extraordinaires, à l'attaque de deux fronts, l'ennemi devra en attaquer au moins cinq ou six, car il se trouvera exposé au feu de tous les fronts adjacents , dont il lui sera impossible de se dé-

filer.

Mais nos six fronts attaqués pourront être garnis d'au moins cent bouches à feu ; il faudrait done que l’ennemi

pût en déployer un beaucoup plus grand nombre, ce qui serait hors de ses moyens. Une telle masse d'artillerie de

siége ne se traîne pas à la suite d’une armée, quelque nom-

breuse qu’elle sait.