Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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Des esprits'sévères ou prévenus prétendent que le minis= tère du 1: mars a jeté la perturbation dans le pays; ne serait-il pas plus équitable de dire que nous avons réveillé la France endormie sur le bord d’un précipice? Il y avait quelque courage à le faire; car pour l'ordinaire nous n’aimons pas ceux qui nous réveillent, et notre premier mouvement est de les maudire.

Le mot fanfaron a été prononcé; il a frappé mon oreille attentive et surprise de l'entendre. Messieurs, si l'on taxe de fanfaronade notre confiance sans bornes dans l’énergie du peuple français, dans les immenses ressources du pays et dans les institutions libérales qui, selon nous, doublent notre force, nous méritons ce reproche , nous le mériterons toujours; car nous croyons fermement que la France, ayant le bon droit et la justice de son côté, serait en état de tenir tête aux ennemis les plus nombreux. Nous n’avons jamais dit autre chose, et nous ne répétons ces mots à cette tribune que parce qu’ils ne sont point une bravade, et que personne ne saurait ÿ trouver une offense.

Si le ministère du 1% mars a engagé sa responsabilité plus avant qu'aucune autre administration, c’est qu’il s’est trouvé dans des circonstances toutes nouvelles el sans analogue depuis 1815, c’est qu’il avait la conscience des dangers qui menaçaient Le pays.

L'on dit aujourd’hui que le traité du 15 juillet n’avait pas la portée que nous lui supposions : mais ce traité était par lui-même un fait si grave que tout ministère , quel qu'il fût et à quelque date du calendrier qu’il appartint, aurait eu à cet égard un parti à prendre, et ne se serait certainement pas dispensé des armements.

La responsabilité est bien légère lorsqu'elle s’applique à