Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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ble de soldats dans les cadres, afin d'économiser sur Le nombre de ces cadres, el sans s'inquiéter si celle accumulation excessive n’est pas nuisible à la qualité des troupes et au parti qu’on doit en tirer devant l'ennemi. Les gros bataillons , qu’on croit les meilleurs, sont plus difhciles à

commander et à faire mouvoir.

Au delà de six à sept cents hommes, un bataillon n’est plus maniable pour personne ; ceux qui le composent ne sauraient voir , ne sauraient entendre assez distinctement leur chef, à cause de la trop grande étendue du front, de sorle que l’action de ce chef, qui doit être l’âme de sa troupe, s’affaiblit à mesure qu’elle a à s'exercer sur un plus nombreux effectif. Le commandement d’une compagnie de 100 à 110 hommes exige tout ce qu'un capitaine actif ct vigoureux peut avoir de soins et d'énergie dans l’accomplissement deses devoirs journaliers, si nombreux, si assujettissants et si essentiels au bien du service. Il serait difficile de trouver beaucoup de capitaines en état de commander un plus grand nombre d'hommes.

C’est une dure condition pour les soldats que leur encombrement dans les cadres. Les appels, les prises d’armes, les distributions deviennent interminables ; tout est lent et pénible dans les bataillons trop nombreux ; les détails du service échappent aux chefs responsables pour tomber aux mains de leurs sous-ordres ; la moralité en souffre ; le soldat, se voyant perdu dans la foule, se croit inconnu de ses officiers, il ne s’atiache à personne; le gouvernement , qui est responsable du bien-être des enfants que la patrie lui confie, ne doit point oublier que son premier devoir est d'assurer l’exécution des réglements qui ont pour objet de prévenir les abus de pouvoir et de répartir également toutes les charges dn service; rien de