Du role des légistes dans la Révolution : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée la 3 novembre 1880
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avec raison, ne voient dans la question du droit de tester qu’une question politique.
Mirabeau a exercé, après sa mort, sur la plus tourmentée des Assemblées, un ascendant que, peut-être, de son vivant, il n’eut pas eu dans d’autres débats. On le lui a reproché : « L'opinion de Mirabeau, écrit un des « hommes les plus éminents d’un parti auquel j'ai déjà « fait allusion, n’est pas celle d’un jurisconsulte ; c'est « celle de la vengeance irritée et de la passion d'un « sectaire » (1).
Non, Messieurs, c'était l'opinion d’un homme d'État qui avait une claire vision de l'avenir et des nécessités de la société nouvelle que la Révolution créait. Comment concevoir une société démocratique qui a pour loi le travail et la transformation comme l'agrandissement de la fortune publique par le travail, avec l'existence d'apanages qui créent l’immobilité de certains biens, la richesse de quelques-uns et la pauvreté du plus grand nombre ?
Quelle serait l'autorité des dispositions législatives les plus sévères sur les successions ab intestat, quand la transmission, réglée par la loi, pourrait être changée par la seule volonté du père de famille ?
On objecte que la véritable propriété consiste dans le droit de disposer de sa chose comme on l'entend; qu'un homme est maître de ses biens et que la loi est impuissante contre sa volonté. Ne faudrait-il pas au moins et avant toute chose prouver que les biens de cet homme sont le produit exclusif de son labeur ? N'est-il pas plus vrai qu'en général la propriété constitue un fait collectif, une résultante d’efforts solidarisés, d’éco-
(1) Lucien Brun. — Introduction à l'étude du droit. — P. 207).