Ferdinand IV et le duc d'Orléans : Palerme, 9-17 Mars 1813

6 . FERDINAND IV ET LE DUC D’ORLÉANS

A Naples, comme plus tard à Palerme, il n’était jamais plus heureux, que lorsqu'il pouvait s'éloigner de la capitale et aller vivre à sa guise dans un de ses châteaux. C'était à grand’peine seulement qu’on parvenait à lui faire faire, à Palerme, de courtes apparitions auxquelles il se résignait seulement lorsque sa présence élaitabsolument indispensable. Il s'était, depuis 1770, si complètement désintéressé des affaires de son royaume qu'il s'était en somme complètement déchargé de tout sur la reine et que, s’il faut en croire Sérieys!, c'était Marie-Caroline qui présidait le conseil secret dont, aux termes mêmes de la constitution, elle faisait partie de droit depuis la naissance du prince héréditaire.

- À côté d’un pareil mari, Marie-Caroline ne pouvait manquer de prendre peu à peu une place que le roi ne demandait qu’à lui abandonner, d'assumer sur elle des responsabilités dont Ferdinand ne se souciait guère.

C'était du reste une bizarre et curieuse figure que celle de cette ambitieuse sœur de Joseph IT, dont elle rappelait l’esprit novateur, mais sans avoir ni ses talents ni sa persévérance. Grande, bien faite, spirituelle, intelligente, extrêmement instruite, remarquablement douée, altière, hautaine, impérieuse, avide de pouvoir, jalouse de son autorité, plus violente, mais moins énergique que sa mère Marie-Thérèse, aussi ardente, aussi courageuse qu’elle, il lui manquait cette égalité de caractère, cette force de volonté, cet esprit de suite, ce grand sens politique qui, joints à une rare largeur de vues, avaient permis à la grande impératrice de sauver la couronne de son fils, d'empêcher le démembrement de la monarchie et de sortir victorieuse d’une lutte désespérée.

« C'était, au dire du comte Grégoire Orloff ? et d’après le portrait qu’il fait d’elle à propos des massacres dont la ville de Naples avait été le théâtre en juin 1799, une femme dont l'histoire aura peine à tracer un fidèle portrait. Sans être aussi

1. Sérieys. Histoire de Marie-Charlotte-Louise, Reine des Deux-Siciles. — Paris, 1816. Serieys (p. 7) parle d’un Consiglietto, espèce de Camarilla. « Il était composé, dit-il, de la reine, qui présidait, du comte de Wildreck (sic!), Autrichien, du chevalier Vizenzio de Nola (fils du premier médecin de la cour) et de Caroline, son épouse. » (Cité par Helfert. Kônigin Karolina von Neapel und Sicilien, etc.)

2, Orloff, Mémoires sur le royaume de Naples, If, note xxxiv, p. 980.