Garat 1762-1823

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avant lui et ne le fit depuis; avec un accent de passion véritable, sans se permettre de changer la moindre chose à sa pensée, mettant tout son honneur à demeurer simplement et naïvement son fidèle interprète, ce qui contrastait avec sa façon de dire la musique italienne qu'il avait l'habitude d'agrémenter de fioritures et de vocalises, bien qu'il en rendit supérieurement les beautés.

Au dire de ses contemporains, il était impossible de mieux s'identifier que Garat ne le faisait avec le vieux Gluck et de mieux rendre sa musique puissante, audacieuse et hardie. Il aurait fallu l'entendre chanter l'admirable récitatif qui précède l'air du troisième acte d'Orphée, développant d'une façon si pathétique les plaintes à jamais immortelles du malheureux époux; il aurait fallu l'écouter lancer le lamentable cri de douleur d'Eurydice; la superbe invocation de suo desperato. Ceux qui l’entendaient étaient émus jusqu'aux larmes quand il disait le sublime cantabile qui suit ce récitatif : Che faro senza Euridice? Dove andro senza, il mio bene.

Cette majesté, cette beauté pure, cette profon-