Garat 1762-1823

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dénonçaient impitoyablement sans trêve ni merci, poussant aux massacres pour ne'pas être massacrés eux-mêmes. Il y en eut alors plus d'un qui s'efforça « de se rabaisser pour se faire oublier, ou de se dégrader soi-même pour se faire pardonner sa supériorité »; de se rapetisser pour passer sous le niveau populaire. Le plus grand nombre, à cette date néfaste, abjura « costume, manières, élégance, propreté, commodités de la vie, politesse et bienséance pour ne pas exciter l'envie de ceux à qui tout cela était étranger‘ ».

Et dire que les survivants d’entre ces pourvoyeurs de la guillotine, dès qu'ils sentirent leur tête raffermie sur leurs épaules, se transformèrent en de simples et doux citoyens; ces abolisseurs de titres et de distinctions firent souche de comtes et de barons! Il ne faudrait cependant pas, pour être absolument justes, appliquer aux hommes qui traversèrent ces terribles jours, la règle inflexible d’une morale rigoureuse et absolue.

Ballottés et secoués par ce renversement de tout

1. Comte Thibeaudeau, Mémoires sur la Convention et le Direcloire, 2 vol. in-8. Baudoin frères, édit., Paris, 1824, t. I, p. 46 et suiv.