Garat 1762-1823

GARAT. 173

de Rode; celui-ci exécuta un morceau d'Haydn ; A. Boïeldieu, une sonate de sa composition, et les deux chanteurs-Delmare et Desfossés, dont on avait sollicité le concours, chantèrent chacun un

air d'opéra *.

1. Journal de Rouen, 17 et 19 ventôse, an II (7 et 9 mars 1794). — Ce concert n’eut pas lieu sans quelques difficultés, difficultés que nous verrons se renouveler, et pour les mêmes raisons, à propos d’un autre concert donné plus tard par Boïeldieu et Gärat après sa sortie de prison. Voici d’ailleurs la lettre adressée par Rode au président de la Commune de Rouen à cette occasion :

« Liberté, Égalité. » Rouen, le 21 ventôse, l'an 11° de la République Française, Une et Indivisible.

» Ne sachant pas que c'était à la Commune qu'il faloit s'adresser, pour être autorisé à donner concert, j'avais présenté une pélition aux administrateurs du distric qui y avaient fait droit, m’étant fié là-dessus, j'annonce mon concert, je le fais afficher et le fixe pour aujourd’hui, quand y allant une seconde fois pour demander la permission de prendre 200 chaises dans le temple de la raison, on m'a fait répondre qu’il faloit que je m'adresse à la Commune; c'est pourquoi, président, je l'adresse celle pétition, persuadé que je suis, que les arts étant enfants de la liberté, doivent être encouragés par ceux qui la soutiennent, quand à moi, président, je viens de la deffendre contre les brigands de la Vendée, et je profitte de la permission qui m'a été donnée pour vaquer aux affaires du bataillon, pour faire usage de mon talent. Je te demande donc de m’autoriser à donner mon concert et de me permettre de me procurer les 200 chaises dont j'ai besoin. Je compte sur la justice due à un soldat républicain. » Salut et fraternité. » P. RODE. » Cest le citoyen Normand, concierge du temple de la raison,