Garat 1762-1823

476 GARAT.

Rode s’empressa de faire tenir à Garat la recette de la soirée. Le pauvre détenu était aux abois et, en prison, peut-être plus que partout ailleurs, le proverbe : « payez, vous serez considéré » est d'une vérité indéniable. Garat ne devait pas moins de soïxante-quinze jours à quarante-cinq sols par jour; plus, quinze livres pour frais d’arrestation, d'opposition, de levée de scellés, de frais de quittance, etc. Soit une somme de cent quarante-huit livres. La République ne se contentait pas d'emprisonner les citoyens, elle entendait encore leur faire payer les frais de détention.

Garat paya, comme il appert d’un recu daté de ouen, {7 messidor an Il de la République Française une et indivisible, signé N.-A. Blot, au dos

duquel il mit l’énergique protestation que voici :

« Je suis artiste et n'ai d'autre moyen d'exister que par mon talent. Je suis privé de ma liberté depuis huit mois; il y a déjà longtemps que je suis aux expédients pour vivre ici et payer la dépense indispensable que j'y fais; c’est-à-dire, qui pourra sur ton autorisalion me faire délivrer les chaises. »

(2° supplément à la 2° édition de Poieldieu à Rouen, 1 vol. in-12. Giroux et Fourey impr., Rouen, 1873).