Garat 1762-1823

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Pour bien saisir le caractère de cette étrange époque dont, il faut bien le reconnaitre, le dévergondage confine à la bêtise; qui n’est plus, hélas! tant s’en faut, la jouissance spirituelle, fine, délicate et pleine de verve de l’ancien régime, mais une jouissance la plupart du temps lourde, prétentieuse, plate et bête, il suffit de consulter les caricatures de Carle Vernet, les dessins de Bosio et surtout les estampes en couleur de Debucourt, si vivantes, si vraies, si curieuses, véritables miroirs de cette extravagante société. Le calme était pourtant à peu près revenu; il allait bientôt être complet, d’après madame de Coigny qui assurait que ce résultat était dû à l’arrivée aux affaires d’un homme de bonne compagnie : « Voilà M. de Talleyrand, disait-elle, qui mêne la France comme son diocèse, avec des mandements; seulement, c'est un général, au lieu d'un grand vicaire, qui les proclame. »

C'est alors, à partir de 1795, que Garat commença à se faire entendre aux concerts Feydeau, qui avaient succédé au Théâtre de

1. Duchesse d’Abrantès, Histoire des salons de Paris, t. IV, P. 249, ouv. cit.