Garat 1762-1823

208 GARAT.

éclat des beaux jours de Trianon, alors qu'il était le principal ornement des concerts de la reine. Ses nouveaux triomphes égalèrent les anciens. Dès qu'il paraissait, tous les yeux étaient braqués sur lui, toutes les têtes s’agifaient, tous les cols se tordaient, tous les éventails frémissaient. Le plaisir et la joie faisaient tressaillir tous les spectateurs, et à peine ouvraitil la bouche que les mouchoirs s’approchaient des yeux et essuyaient une larme furtive, assure un témoin oculaire. Grâce à lui, ces concerts jouirent d'une vogue à peine crovable : « Il n’est folie que ne fissent les femmes pour y assister, dans des costumes d’une richesse inouïe », d’un prix extravagant. Et cependant, malgré le luxe déployé par les femmes du Directoire, malgré l'élégance des muscadins et des incroyables, l’aspect du public dans une salle de concert ou de théâtre était loin de ce qu'il avait été sous la royauté quelques années auparavant. Aussi madame Vigée Le Brun‘ assure-t-elle que la vue des têtes noires à la place des perruques poudrées

1. Madame Vigée Le Brun, Souvenirs, L. Il, p. 110 et suiv., Ouv. cit.