Garat 1762-1823

GARAT. 259

au théâtre dans le Devin de village. Nourrit entonna un morceau de sentiment. Sa voix bien timbrée, fraîche et sonore, était ravissante, mais sans grande expression ; de plus, il chantait sans la moindre émotion. Garat, outré de sa froideur, l'apostrophe : « Mais comment chantestu ce morceau? » et prenant presque sans s’en douter la place de son disciple avec l'attitude et le main-

tien voulu :

— Je vais revoir ma charmante maîtresse, Adieu plaisirs, grandeurs, richesse!

» N’as-tu donc pas une maîtresse, malheureux, que tu aies quittée depuis un mois et que tu vas revoir? » s'écrie-t-il avec colère ‘.

Chez la femme du gouverneur de Paris, chez madame Junot, Garat était comme chez lui. En 1806, Junot avait rapporté de Parme, dans ses fourgons, une centaine de partitions manuscrites de Cimarosa, Guglielmi, Fioraventi, etc., qu'il avaittrouvées, — pour ne pas dire autrement, car il faut être poli, — nous ne savons ni trop où ni

comment. Sa femme fit part de la nouvelle à Garat

1. Duchesse d’Abrantès, Histoire des salons de Paris, t. II, p. 194, ouv. cit.