Garat 1762-1823

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qui vint aussitôt pour prendre connaissance de cette musique. Ce fut pour lui un heureux jour que celui où il fredonna toutes ces compositions, les déchiffrant à livre ouvert sans grande difficulté, sans être arrêté par aucun passage, tantôt assis au piano, tantôt marchant à travers la pièce ‘.

C’est encore chez madame Junot qu'il fit entendre pour la première fois avec tant de grandeur et de

noblesse le bel air des Abencerages de Cherubini : Suspendez à ces murs mes armes, ma bannière.

qu'il interprétait comme il ne le sera jamais plus.

Entre intimes, simple et naturel, il chantait des heures entières sans se lasser. Le général Clouet, partisan déclaré de Hændel et chanteur habile, joutait fréquemment avec Garat qui préférait Haydn. Ces tournois musicaux, parfois fort longs, faisaient l'admiration de ceux qui avaient la chance d'y assister. Pour se reposer de ces luttes, Garat, tout en s’accompagnant avec deux doigts

1. Duchesse d’Abrantès, Histoire des salons de Paris, t. II, p. 195, ouv. cit.