Garat 1762-1823

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entre tous, aimé plus que tous; celui qui lui tourna la tête et vengea les autres. C’est alors que la malignité publique fit courir

le couplet suivant :

C’est pour l’indolente richesse

Que l’on inventa les sophas,

Mais de ce lit de la mollesse, L’ardent amour ne se rit pas, Peut-on, quand on a le cœur tendre, Avoir des coussins d’édredon? J'aimerais mieux cent fois m'étendre Toute la nuit sur du gazon.

A ce métier on peut prendre mal, et notre pauvre Garat sortit des bras de sa belle, qui avait bien dix bonnes années de plus que lui, maigri, vanné, éreinté, affaibli à ce point que la Cour et la Ville s’inquiétaient du jeune chanteur, craignant qu'il n'y laissât sa voix ou tout au moins cette fraîcheur de timbre, cette pureté de sons qui la caractérisaient.

Il ne fut pas facile de faire lâcher prise à la fougueuse actrice. N’allez pas croire après cela que cette belle Louise Lefebvre, qui avait épousé

son camarade Dugazon, fût une tigresse, loin de

1. Mémoires secrets, 18 avril 1782, ouv. cit.