Garat 1762-1823

GARAT. 285

là. Elle avait du cœur, trop de cœur peut-être, et elle s’en servit à l’occasion ‘. Elle en donna une preuve entre autres à un moment où il était dangereux de le faire. Royaliste dans l'âme, royaliste exaltée, ce qui était tout naturel puisque son mari était du parti opposé, aux approches de la Terreur, elle jouait un soir la soubrette des Événements imprévus. Marie-Antoinette assistait, contrainte et forcée, à cette représentation. Madame Dugazon, arrivée au duo où elle devait chanter la phrase : Ah! comme j'aime ma maitresse! se tourna vers la reine, mit la main sur son cœur, et dit sa réplique d'une voix émue et pleine de larmes en s'inclinant devant l'infortunée Souveraine ?.

Plus tard, dans un moment autrement tragique, en pleine Terreur, elle donna un nouveau témoignage de son attachement à la famille royale en

refusant d’entonner des refrains révolutionnaires.

1. On trouva dans les papiers de madame Dugazon, après sa mort, l'écrit suivant : « Je défends à mon fils de suivre mon convoi, sous peine d'encourir ma malédiction, dont je lPaccable du fond de mon tombeau s’il ose manquer à l’ordre que je lui donne. » La tendre mère voulait épargner à son fils les déchirements de cette triste cérémonie.

2. Madame Vigée Le Brun, Souvenirs, t. I, p. 95 et suiv., ouv. cit. — Maugras, Les comédiens hors la loi, p. 440, ouv. cit.