Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LES DEUX LA ROCHEFOUCAULD 105

fendre la liberté et la démocratie par la constitution. Or, voici ce qui allait se passer au lendemain du jour où cette constitution venait d’être déclarée définitive (30 septembre 1791). Une nouvelle assemblée était élue. Les 9 et 29 novembre 1791, elle votait deux décrets, l’un déclarant les émigrés suspects, prononçant la séquestration de leurs biens et condamnant ceux qui ne seraient pas rentrés en France avant le 1‘ jan‘vier 1792 à la peine de mort; l’autre édictant des peines sévères contre les prêtres réfractaires au serment prescrit par la constitution civile du clergé. Le roi refusa sa sanction. Il avait le droit de veto; il en usait. Mais ce que l’on ignore, c’est que le prince venait d’être « officiellement sollicité de s’en servir » par ce directoire du département de la Seine que ‘la Rochefoucauld présidait. « Tout citoyen est libre dans ses rapports avec l’être suprême, » avaitditTalleyrand, le premier des évêques assermentés (1)!

Le 18 juin suivant (1792), l'Assemblée législative a voté deux autres décrets, l’un décidant la déportation de tout prêtreinsoumis, l’autrela formation d’un camp de 20.000 hommessous Paris, destinés à appuyer la décision de la plèbe. Une foisencore Louis XV[use de son droit constitutionnel; malgré Rolland, malgré Dumouriez, il oppose le veto. Une crise ministérielle éclate ;

(1) Archives de Parme. Dépèche du baïlly de Virieu, 9 mi AIO

Le mot « être suprême » avait été couramment employé dès le début de la Révolution par les gens les plus religieux et par les évêques eux-mêmes, pour dénommer « Dieu »! (Note de l'auteur.)