Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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les Girondins sont renvoyés. Ici encore apparait la Rochefoucauld à la tête du directoire départemental. Au nom de 8000 pétitionraires parisiens il vient solliciter le roi de ne pas attirer vingt mille gredins aux abords de la capitale, dont le premier acte sera de le renverser lui et la constitution française. Voilà qui prouve que pour avoir compris et accepté la démocratie on n’en reste pas moins libre de demeurer homme d'ordre et honnête homme! Malheureusement, pas plus la Rochefoucauld président du directoire départemental que Louis XVI roi de France ne sont servis par de loyaux agents. En haut comme en bas, il y a quelque chose de pourri dans l'État. Un soulèvement se prépare ; la date a été choisie. C’est deux jours après qu'il doit avoir lieu. Le 20 juin est un double anniversaire: celui du serment du jeu de paume, celui de la fuiteà Varennes. Les conspirateurs ont trouvé des complices jusque sur les marches du palais municipal. Pétion est des leurs ; ils attendent le prétexte; ils l'ont. Dès le 19 au soir, Paris s’agite; on sent dans l'air ces frémissements defoules, préludes des grandes colères. « Aux Tuileries, il y a plus de personnes que de grains de sable (4). » Les crieurs hurlent : « la déchéance de l'individu royal. » La Rochefoucauld est brave et résolu. Les constitutionnels quicomposent le directoire du département lesont aussi. Ils mandent Pétion; ils mandent les administrateurs de police ; ils les forcent à donner à Romainvil-

(1) Journal d'une bourgeoise pendant la Révolution, p. 133.