Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LES DEUX LA ROCHEFOUCAULD 109

trouver la sûreté dans l'oubli. Il comptait sans ses hôtes. Les Jacobins sont partout, et ils ne pardonnent pas. Par le seul fait qu’il a résisté à la plèbe, le gentilhomme démocrate est un conspirateur hypocrite ; il leur faut sa tête, ils l’auront. Le duc, revenant de Forges, passe à Gisors. Au sortir d’une auberge il est reconnu et appréhendé par un commissaire de la commune de Paris. Entouré de la municipalité du bourg, escorté par douze gendarmes et cent gardes nationaux, il est conduit à pied à travers les rues. 300 volontaires de l’Orne et de la Sarthe qui sont de passage s’attroupent en criant: « nous allons avoir sa tête, rien ne peut nous en empêcher. » Un coup de pierre atteint la Rochefoucauld à la tempe; il s’affaisse...; son escorte est enfoncée ; il est achevé à coups de sabre (1). La montre qu'il portait ce jour-là existe encore; on y voit incrustée la pointe d’un poignard qui en avait percé les boîtiers. (2).

Ainsi mourait le 4 septembre 1792, sous les yeux de sa malheureuse mère, la duchesse d’Enville, âgée de quatre-vingt ans, de celle qui avait été l’inspiratrice des philosophes, c’est-à-dire des initiateurs de la démocratie, le duc de la Rochefoucauld. — Ce grand réformateur succombait de la main de ceux qu'il avait émancipés. Si l’on pouvait dire de la. politique

(4) Taine, /a Révolution, tome Il, page 342. — La veuve du duc de la Rochefoucauld, née Rohan-Chabot, épousa en seconde noce son cousin le comte de Castellane, député comme son premier mari à l'Assemblée constituante, (Nofe de l’auteur.)

(2) Cette montre appartient aujourd'hui à M. le duc de Doudeauville. ” 4