Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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il ajourna sa réponse : « L'affaire de Varennes, répondit-il, est une leçon (1)! » Six semaines plus tard avait lieu la journée du 10 août...

Malgré tout, le duc de Liancourt essaya de résister. Ayant réuni ses soldats sur le champ de Mars de Rouen, il leur fit prêter à haute voix un nouveau serment de fidélité au roi et à la constitution. « J'étais, a raconié son fils, quoique enfant, à cheval à ses côtés ; je me souviens des acclamations des troupes et du‘silence du peuple de [a ville (2). » Cinquante-sept ans plus tard, en février 1848, le général de Castellane, mon grand-père, commandera cette même place de Rouen; et ses grenadiers, fidèles eux aussi, acclameront la monarchie tombée! — Les rois ont parfois des silences étranges!

Abandonné, sans ordres, sans places fortes, Liancourt, averti qu'un mandat d’arrêt vient d’être lancé contre lui, n'attend pas les assassins; il émigre. Jusqu'à l'extrême limite il a été fidèle à la royauté aussi bien qu’à la liberté... Aussi se refuse-t-il à aller au rendez-vous d’où des Français, oublieux de leurs devoirs, invitent les armées étrangères à marcher contre la France. C’est vers l'Angleterre qu’il se dirige, y cherchant simplement un abri. Sans un brave pêcheur de Crottoy, qui consentit à lui faire passer la Manche dans une barque, poursuivi, errant depuis

(1) Marie-Antoinelte, par Maxime de la Rocheterie. Didier, 1890. (2) Vie du duc de Liancourt, par son fils Gaëtan, p. 37.