Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LES DEUX LA ROCHEFOUCAULD 417

quarante prolétaires dont quatre cents enfants travaillant tous à la tâche (1). Voilà pour la philanthropie privée.

La philanthropie officielle ne l’attire pas moins, à la condition, pourtant, qu'aucune renonciation politique ne sera exigée de lui.

On se souvient que dès avant la Révolution il avait fondé dans ses domaines une école des arts et métiers destinée à l’iustruction des fils de soldats. Devenue propriété d'État, cette école, transportée d’abord à Compiègne, venait d’être établie à Châlons. Le premier Consul pensa que nul ne pouvait la diriger mieux que son fondateur. Liancourt en fut nommé inspecteur. Plus tard, le gentilhomme démocrate fut appelé au conseil général des manufactures et à celui de l’agriculture. [Il avait pu sans faiblesse accepter des fonctions où il s'agissait de défendre les travailleurs sans s’inféoder aux entreprises des politiciens.

L'Empire effondré, la dynastie des Bourbons rétablie, il semblait que Liancourt, ancien serviteur de Louis XVI, son bailleur de fonds dans la détresse, ancien constituant, créateur de la France moderne, dût être appelé dans les conseils d’une monarchie qui prétendait avoir fait peau neuve. M. de Talleyrand en jugea ainsi. Au moment où lui-même, sous les yeux de l’empereur de Russie, était en train de négocier avec la France représentée par le Sénat l’éta-

(1) Extraits de la statistique du canton de Creil.