Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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blissement d’une royauté constitutionnelle, il envoya son ancien collègue des États généraux au-devant de Louis XVIII à Compiègne. Liancourt « fut mal reçu, très mal, ou pour mieux dire pas du tout (E) ». La royauté subissait l'association de la nation à l’exercice du pouvoir, elle ne l'acceptait pas. Louis XVII était un opportuniste, non un convaincu.

Non seulement l’ancien serviteur du trône fut dédaigné, mais encore la charge de grand-maître de la garde-robe, que son père avait bel et bien payée 400.000 francs et qui lui appartenait, lui fut refusée. Les rois ont de ces ingratitudes!

Est-ce à ce traitement qu’il faut faire remonter l'attitude du duc de Liancourt pendant les « Cents jours »? L'arrondissement de Clermont lui octroya alors le mandat de député, il l’accepta. A cette date, Bonaparte n’était plus un empereur légitimé par les suffrages des citoyens, il était un usurpateur et un ennemi public. Etait-ce se prostituer que de faire partie d’une chambre chargée de juger la validité d’un pareil pouvoir? « Je pensais, a écrit Liancourt, qu'un citoyen ne devait jamais se refuser à faire partie d’une assemblée législative et encore moins d’une assemblée constituante. Jai suivi en 1815 les principes qui m'avaient dirigé en 1789 (2). » Liancourt croyait à la souveraineté du peuple exprimée par les parlements! Qui n’y croit pas aujourd’hui? Son passé nous est garant qu’il ne fut

(4) Mémoires du comte Beugnot, p. 421. (2) Vie du duc de la Rochefoucauld-Liancourt, par FrédéricGaétan, son fils, page 61.