Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LES DEUX LA ROCGIE FOUCAULD 119

pas en la circonstance un intrigant. Il a été de soixante ans en avance sur son siècle, voilà tout.

Le gouvernement de la Restauration n’en jugea pas ainsi. De libéral incorrigible, Liancourt à ses yeux devint un traitre.

Pourquoi n’était-il pas possible de le rayer de la chambre des pairs? Lorsque le roi se rendit à l’ouverture des chambres, tous les chevaliers des ordres furent invités à le suivre; seul Liancourt ne reçut pas l’invitation. La disgrâce était éclatante : il ne s’en émut guère. « On peut, dit-il, jouir de l’estime publique en étant mal à la cour; c’est une ancienne maladie de famille qui ne m'empêchera pas de servir les intérêts du roi de mon mieux (1). »

Il les servit en effet, fidèle à la liberté, fidèle au peuple et bercé de cette illusion, qui fut celle de tous les constitutionnels, à savoir : que monarchie et démocratie sont deux termes compatibles. De 1815 à 1827, son langage à la Chambre des pairs ést en conformité absolue avec le langage tenu par lui aux États généraux. Pas un seul jour on ne le prendrait en défaut avec ses vieilles convictions. Comme jadis, il revendique la sécularisation de l'Etat, la souveraineté parlementaire. Îl est le modérateur de la royauté, jamais il

(4) Vie du duc de la Rochefoucauld-Liancourt, par FrédéricGaétan, son fils, page 61.

Au couronnement de Charles X, à Reims, en 18925, ïül revendiqua ses droits de duc et pair et il fut désigné pour porter un des insignes royaux; ce qui prouve bien qu'aucune disgrèce n'avait pu l'empêcher de demeurer fermement royaliste. (Note de l'auteur.)