Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LES DEUX LA ROCHEFOUCAULD 123

libérales et anti-égalitaires; si legentilhommeeüt vécu, la loi sur la presse présentée par M. de Villèle l'aurait certainement eu pour adversaire.

La mort du duc de Liancourt donne la note exacte de la liberté d'esprit de ces grands seigneurs, convaincus que l'axe social et religieux de la société française devait être déplacé. A la veille de quitter la vie «ses pensées se reportèrent sur les principes qu'il avait toujours professés, sur les perfectionnements de l’industrie dont il semblait former encore comme autrefois ses plus douces espérances ». Il demanda « les consolations de la religion », car il était chrétien; mais il se refusa à celles des pratiques auxquelles il ne croyait point : « Ce n’est point là la vraie foi, réponditil à ceux qui le pressaient d’y accéder, ce sont les erreurs humaines.» Et il ajouta: «Jene passerai jamais les bornes de mes opinions religieuses; je suis d’accord sur le fond, non sur la forme (1). »

Mieux eût valu peut-être que Liancourt ne poussàt point si loin la logique de son opinion. Les sociétés, quelles a ‘elles soient, ne vivent que de conventions ; qui ne S'y soumet pas, qu'il le veuille ou non, sape ces sociétés ; mais il faut reconnaître la franchise et le courage des hommes de cette époque. Pour eux, le préjugé mondain n'existe pas. Ils vont droit leur chemin, ce qui ne veut pas dire qu'ils aillent toujours dans le droit chemin. — Ils ne sont pas tout le monde, ils

(1) Vie du duc de la Mr -Liancourt, par Fr eee Gaëtan, son fils, p. 87. À