Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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eüt fermé une seule, et pourtant il croyait en la royauté et il se croyait royaliste!

Le 13 juillet, la veille du pillage de la Bastille, l’Assemblée voulut exiger le renvoi des ministres : Clermont-Tonnerre s’écria : « Dans lestemps de calamités publiques, il faut s'attacher aux principes ; le roi est le maitre de composer et de décomposer son conseil ; la nation ne doit pas nommer les ministres, elle ne peut que les indiquer par le témoignage de sa confiance et de son improbation (1). » Voilà pour le royaliste. Mais dans la phrase suivante la logique de son rêve lui fait ajouter: « Je pense qu’on doit voter une adresse de remerciments à ceux qui sont victimes du despotisme (2). » Le despotisme, c'est le pouvoir exécutif et ministériel qui s'efforce de contenir l’émeute. Voilà pour le démocrate.

Le surlendemain, le roi n’a pas obéiaux injonctions du peuple; la logique est de plus en plus pressante. Le fondateur de la monarchie démocratique conseille ainsi ses collègues : « Laissons le roi dans la joie de goûter en silence le bonheur d’être roi d’une nation aussi fidèle, laissons-lui au moins 24 heures (3). » 24 heures ! Le crédit est vraiment royal !

Et avec quel soin jaloux, tandis qu’il travaille à la fondation desa monarchie nouveau modèle, ClermontTonnerre veille à cette souveraineté du peuple qu’il proclame la base essentielle de l'État! Le Parlement

{1} Séance du lundi 43 juillet 1789. (2) Séance du 13 juillet 4789. (3) Séance du 15 juillet 1789.