Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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patibilités. Seules, leur ignorance de la force populaire, qui ne s'était pas encore exercée sous leurs yeux, de sa brutalité, et la méconnaissance du tempérament français, gouailleur, prompt à la révolte et comprimé jusque-là sont les excuses de leur aveuglement.

Le jour où Clermont-Tonnerre énonçait devant les États généraux ces vœux particuliers qui étaient les siens, Mounier (1), au nom du comité de constitution, et par conséquent au nom de Clermont-Tonnerre, proclamait l'égalité absolue, source de toute démocratie, mais tombeau de toute monarchie. L’inconséquence des deux constituants était uniquement théorique; ils entendaient demeurer à la fois des monarchistes et des démocrates.

Tant de vues connexes avec celles de la majorité des députés exprimées par un orateur émérite, porteur d’un nom illustre, devaient attirer sur Clermont-Tonnerre les regards et bientôt les faveurs de l’Assemblée nationale. Vingt jours aprèsle dépôtde son rapport, celle-ci l'appelait à la présidence de ses débats (2). Pendant deux semaines allaient être discutés sous la haute direction d’un grand seigneur français depuis les droits de l’homme jusqu'aux questions constitutionnelles d’où dépendrait l'avenir de la nation.

Le jour où commence cette présidence, Mirabeau, au

@) Rapport contenant les premiers articles de la constitution. Séance du 27 juillet 4789. (2) Le 17 août 1789.