Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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18 l'accord demeure complet; l'égalité devant la loi, l'accès de tous les citoyens aux charges et aux honneurs sans autre distinction que celle de leurs tâlents et de leurs vertus, la définition de la liberté, celle en particulier de la liberté individuelle, sont proclamés en quelquesheures. Mais lorsqu'ils’agit d’attester la liberté des opinions religieuses et celle de l'exercice des cultes quelconques, l'Assemblée se soulève en une violente tempête. Dans le chapitre que je consacre au comte de Castellane, auteur de la motion, on verra de quelle façon l'esprit de secte et l'esprit de liberté eurent maille à partir (1), dans quelle mesure aussi le premier triompha du second. Mais dès à présent je dois indiquer l'attitude de Clermont-Tonnerre. Mirabeau, ayant fait des observations sur le droit de tout citoyen d'exercer son culte, avait été couvert de huées. Réduit au silence, «il avait fini par prendre acte du despotisme qui lui interdisait la parole (2). » « Désespéré d’être l’homme de la loi dans une séance où les droits de l’homme et des députés étaient ainst méprisés, ne pouvant résister davantage aux cris dei sa conscience, Clermont-Tonnerre, dit la Gazette nationale, demanda deux fois sa démission, moderne Solon, ajoute ce journal, au milieu d’un tumulte qui peut-être aurait déconcerté le plus grand des législateurs (3). »

Ce jour-là comme les autres, il avaitété fidèle à lui-

(4) Voir chapitre 1v, page 193, même volume.

(2) Archives de Parme. Dépêche du bailly de Virieu, du

23 août 1789. (3) Gazette nationale. Séance du 23 août 1789,