Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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avec laquelle Mounier et Clermont-Tonnerre défendirent leur utopie. Ils voulurent très sincèrement être les fondateurs de cette monarchie parlementaire que nous avons vue une fois en ce siècle, dont on disait, sous Louis-Philippe, qu’elle était la meilleure des républiques, et qui par une pente fatale a abouti à la république tout court.

Le premier point en discussion fut celui de la sanction du roi. Le comité avait dit : «Sanction royale dans et par la constitution pour les actes législatifs établis pour l'avenir (1). » Les meilleurs esprits étaient divisés. — Les plus révolutionnaires, tels que Rabaud Saint-Etienne et Mirabeau, n’osaient pas aller au bout de leur superbe. Le mot de toute-puissance venait sans doute effleurer leurs lèvres; ni leurs cœurs ni leurs oreilles n’y étaient faits ; ils hésitaient à le prononcer. Le premier disait: « Il est ridicule de penser que les représentants de la nation veulent anéantir le gouvernement; les Français sont attachés à cette sainte et antique monarchie. » Le second ajoutait: « Ce n’est point pour son avantage partieulier que le monarque intervient dans la législation, mais pour l'intérêt même du peuple; et c'est dans ce sens que l’on peutet que l’on doit direque la sanction royale n’est point la prérogative du monarque, mais la propriété, le domaine de la nation. »

Il était impossible de masquer l'illogisme derrière des raisonnements meilleurs et de meilleures raisons.

(1) Séance du 31 août 1789.