Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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préjugé seul refuse. Mais, dit-on, la loin’a pas d'empire sur le préjugé. Cela était vrai quand la loi était l'ouvrage d’un seul, quand elle est celui de tous, cela est faux. »

L’argumentation est si solide que l’abbé Maury, qui la réfute, commence son discours par ces mots : « Il est impossible d'employer plus de talent et de dialectique que le préopinant à attaquer vos principes. »

L'Assemblée rendit un décret se terminant ainsi : « Au surplus, il ne pourra être opposé à l'éligibilité d'aucun citoyen, d’autres motifs d'exclusion que ceux qui résultent des décrets constitutionnels (1). »

Peut-être les juifs éprouvèrent-ils peu de fierté d'être mis en balance avec des comédiens. Mais dans un temps où ils étaient encore regardés comme des parias, ils venaient de recevoir leurs lettres de grande naturalisation. C'était Clermont- Tonnerre qui les avait obtenues. |

Le bailly de Virieu, dès la fin de 1789, a tracé de Clermont-Tonnerre ce portrait : « D'une belle figure, d’un blanc pàle et les cheveux un peu roux, il charme par la noblesse de son maintien, la politesse de ses manières ; il-étonne par son sang-froid inaltérable; c’est un écueil qui brave les vagues de la mer en furie; il étonne par l'étendue de sa mémoire, la rapidité de sa conception, par la facilité avec laquelle il éloigne de toutes les questions qu’on discute ce qui est

(1) Décret du 24 décembre 1789,